Beaucoup d'hommes à travers les âges ont la mégarde de confondre la reconnaissance et le bonheur. L’homme peut être reconnaissant de vivre, bien, en bonne santé, entouré, riche, aimé, adulé, il peut éprouver une profonde reconnaissance en voyant l’état de sa vie. et en la comparant à celles des autres. Mais il n'y a en cela aucune corrélation avec le fait d'être heureux, qui est de façon indépendante, une entière autre considération.
Le bonheur puise son existence dans le désir, et le désir vague d'assouvissement vers d’autres désirs, nouveaux. Le désir s'auto-détruit en s'accomplissant, libérant une dose de bonheur s'écoulant dans le sablier. Nous faisant privilégié la notion de bonheur éphémère pour parler de bonheur, d'un moment, d'une sécrétion rapide et intense en endorphine, d’un instant d'apnée où le monde revêt sa dimension réelle, celle de la quiétude, de l'intemporalité, de la désuétude de nos actions et de nos peines, cependant ; ceci ne fait que générer d'autres désirs.
L’homme comprends assez rapidement autant que les neo-classiques, que la fonction de la satisfaction est descendante, qu’elle est marginale, que le désir une fois réalisé, devient moins désirable, et source d'ennui. Poussant vers d'autres désirs, un tonneau ne pouvant se remplir car contenant une fuite impossible à panser, comme le tonneau des danaïdes dans la mythologie grecque (tel que décrit par Schopenhauer).
Les ayants droits de cette clairvoyance dirent un jour, que la vie est un pendule qui oscille entre la souffrance et l'ennui. La souffrance de désirer sans avoir, et l'ennui d'avoir sans désirer.
-M.